J'ai bien conscience que cette affaire va ternir notre profession celle d'infirmier(e) ainsi que celle des médecins, c'est le seul point sur lequel je suis d'accord avec vous. Franchement vous croyez réellement qu'un service de soins reste sans la moindre surveillance sous prétexte de prendre l'apéro avec les copains et les copines. La pause est légale pour tous y compris pour le personnel soignant qui bien évidemment se doit de veiller aux demandes des patients, des familles et d'y répondre de suite ou ultérieurement selon l'urgence de la demande. Pardonnez-moi mais en 3 ans de service je n'ai jamais eu l'occasion de prendre l'apéro avec les collègues et les médecins qui sont loin d'être mes amis.
Il est fort probable que l'infirmière se soit trompée de médicament, erreur fatale à répercussion humaine, dans notre profession on donnerait beaucoup pour que ce genre d'erreur ne provoque que des dégâts matériels malheureusement ce n'est jamais le cas.
Je ne souhaite pas vous faire changer d'avis mais laissez-moi vous apporter quelques précisions :
Une amygdalectomie se réalise relativement assez facilement par le chirurgien, la surveillance post-opératoire est moindre, on surveille de près l'apparition d'une éventuelle hémorragie ainsi que les paramètres vitaux et les réactions post-anesthésiques.
Je pense et je peux me tromper que le personnel soignant ne s'attendait pas à ce que le petit Ilyès fasse un infarctus du myocarde foudroyant pour une banale amygdalectomie, c'est un fait plus que rarissime. C'est un 1er élément du manque de réaction.
2ème élément : la relation de cause à effet concernant le chlorure de magnésium et son surdosage qui, il faut le reconnaître est loin d'être connu de tous, son utilisation étant peu fréquente voir presque inexistante selon les services.
3ème élément : le fait que l'infirmière été persuadée d'avoir administré des ampoules de sérum glucosé fausse le jugement clinique et donc tarde à comprendre qu'il ne va pas bien du tout. Pourquoi aurait-elle accentué sa surveillance après l'administration du produit alors qu'elle pensait avoir effectué correctement son travail?
4ème élément : le diagnostic d'infarctus du myocarde ne s'impose pas aux yeux, dans ce cas il s'est instauré rapidement avec probablement aucun signe avant coureur franc. L'équipe médicale a peut-être dirigée le diagnostic vers autre chose qu'une origine cardiaque.
Il a eu des dysfonctionnements médicaux/paramédicaux au cours de cette triste soirée c'est certain. La réanimation est quelque chose d'excessivement complexe à gérer, rare est le personnel qui la maîtrise parfaitement, on ne réanime pas tous les jours, il y a un fossé énorme entre la théorie et la pratique dans ce domaine.
En tout cas je comprends la famille qui pointe du doigt les dysfonctionnements réels, qui s'il avaient pu être évités, auraient probablement épargnés la vie inestimable du petit Ilyès. Peu importe le jugement, rien ni personne ne leur rendront. Je n'ose imaginer leur souffrance ainsi que la culpabilité qui doit ronger la plupart des accusés. La décision pénale sera des plus délicates.